Recrutement post Covid-19 : nouveaux enjeux

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En pleine crise et à l’aube du déconfinement, la question du recrutement post Covid-19 se pose. Notamment sur les besoins à venir. Pour traverser toutes les mutations, économiques, sociales, dans le rapport à soi et aux autres, dans le rapport au travail, aux valeurs essentielles et à l’environnement, quels seront les profils dont nos entreprises auront le plus besoin ?

Recrutement post Covid-19: incertitudes et nouveaux enjeux

Dans de nombreux secteurs, les recrutements en cours ont été subitement suspendus, voire annulés. Et le manque de visibilité de ces entreprises ne leur permet pas de prévoir quand elles reprendront leurs recrutements. Emmanuel DECHIN illustre ce contexte inédit en ces termes : « des dirigeants non préparés » et « un monde anxiogène ».

Toutefois, la situation doit être nuancée selon les secteurs d’activité. « Nous avions plusieurs recrutements en cours, mais comme la visibilité se restreint, nous les avons mis en suspens. Nous constatons pour l’instant que notre activité Pharma se porte bien. Mais l’activité cosmétique, maquillage en particulier, est plus contrainte. » Bertrand Lasserre.

Dans ce contexte, les dirigeants, les managers et les équipes RH s’interrogent sur les actions à mettre en place à court terme : quels sont les besoins réels ? S’il y a gel des recrutements, combien de temps ? Quelles sont les compétences nécessaires ? Quelles sont celles dont nous disposons déjà ?… Et à long terme : comment préparer l’après-coronavirus ? Quels seront les profils vitaux ?

De nouveaux besoins…

En ce sens, la question des profils les plus demandés aujourd’hui, est surtout celle qui répond directement aux besoins très concrets de la crise. Une question à laquelle le gouvernement a fait le choix de répondre à travers la création de la plateforme « Mobilisation Emploi ». Avec ses 9.000 offres d’emploi, certaines entreprises peuvent ainsi demander du renfort pour assurer une continuité économique.

Néanmoins, la question se pose aussi à plus long terme. « Cette crise est une crise internationale de l’offre et de la demande qui a stoppé net des pans entiers de l’économie. Et nous avons une visibilité réduite sur le retour au niveau économique antérieur. Plus que de tout transformer, cette crise va amplifier des signaux qui étaient déjà apparents sur les marchés, les attentes des clients, les comportements des salariés et des consommateurs.La nécessité de produire davantage en France en est un exemple. » Eric ROUSSEL

Ces métiers qui sont demandés 

Certains secteurs n’ont pas cessé de recruter…

Lesquels ? La transformation digitale, dont les besoins sont décuplés par l’essor urgent du télétravail, incontournable désormais, pour le présent et l’avenir. L’e-commerce et les livraisons à domicile, pour s’adapter aux règles sanitaires. Tous les secteurs liés à la santé, dont le médico-social, et aux besoins vitaux, tel l’agro-alimentaire. Tous les secteurs liés aux tests, inspections, certifications, pour appliquer les nouvelles normes et s’adapter à leurs changements fréquents.

Les profils très demandés à court terme sont :

  • les ingénieurs commerciaux
  • les métiers de la vente en ligne et connexes (marketing digital, IT, logistique, relation client, …)
  • les informaticiens notamment experts en cybersécurité
  • les métiers de la logistique et de la production.

Le recours aux managers de transition et aux intérimaires augmente diversement selon les secteurs et la santé financière des entreprises, sur des durées de missions plutôt courtes.

Dans le secteur des nouvelles biomasses végétales, en plein essor et porté par des valeurs environnementales fortes, Manoël COUPRIE recrutera des techniciens agronomes, des mécaniciens, des profils production et ingénieur R&D avec compétences en gestion de projets. Il continuera à recourir au temps partagé de professionnels expérimentés pour ses fonctions support, RH puis Finance.

Des profils aux soft skills recherchées…

Bertrand LASSERRE a toujours privilégié des profils marqués par le savoir-être et l’engagement, d’autant plus pertinents aujourd’hui. Mais il sera désormais attentif également à l’adaptabilité et l’intelligence situationnelle, pour savoir gérer des contextes plus difficiles. D’avis que les marchés asiatiques reprendront plus vite que les marchés occidentaux, il diversifiera sans doute les recrutements, pour se doter de compétences linguistiques telles que le chinois ou le japonais pour aller ouvrir ou renforcer sa présence sur ces marchés. Enfin, la relocalisation corrélée au désir renouvelé d’indépendance sanitaire de la France et l’Europe en matière de production de médicaments amènera vraisemblablement Thépenier Pharma & Cosmetics à recruter des middle managers et techniciens de bon niveau pour répondre à ce challenge et accroître les capacités de production de ses usines : maintenance (déjà en forte tension), responsables d’ateliers, R&D, informatique pour automatiser toujours davantage nos usines, assurance qualité et affaires réglementaires.

Selon Emmanuel DECHIN, aux qualités d’implication et de réactivité doivent désormais s’ajouter le flegme et le sang-froid pour savoir gérer la pression à court, moyen et long terme sans paniquer. Savoir mettre en perspectives, prioriser, identifier les certitudes et incertitudes. La fonction Supply Chain sera clé pour trouver non seulement les économies mais aussi la sécurité.

Face aux incertitudes et au risque de connaître « davantage de descentes que de montées », Cédrick GALLOT cherchera des profils atypiques, ayant vécu et développé la résilience suite à des échecs dans leurs vies professionnelle et personnelle. Ils devront être capables de travailler sous la pression, qui s’exercera sur tous les collaborateurs quel que soit leur niveau hiérarchique, et de se projeter. Ils devront savoir s’adapter, ce qui s’acquiert par l’expérience, donc opportunité pour les seniors.

Des compétences digitales…

Selon Eric ROUSSEL, le numérique devient omniprésent et « le seul salut » pour développer son chiffre d’affaires et s’adapter aux nouvelles règles sanitaires de distanciation. Les salariés devront donc maîtriser les nouveaux outils numériques de planification, commercialisation, logistique et évidemment de travail collaboratif en ligne. Les entreprises devront plus que jamais savoir « embarquer » et mobiliser leurs collaborateurs. Les nombreuses opportunités de développement commercial et de fusions acquisitions appelleront ces compétences.

Recrutement post Covid-19 : ne restez pas seuls !

Malgré les incertitudes que nos entreprises connaissent en ce moment, tous les recrutements ne sont pas gelés jusqu’à nouvel ordre. Nous l’avons vu avec les secteurs très digitaux et ceux dont la demande est aujourd’hui renforcée pour faire face à la crise. Sans oublier ceux qui devront redoubler d’efforts pour vendre davantage et produire mieux. Les enjeux de recrutement post Covid-19 sont bien réels. Pour y répondre, la capacité de prise de recul, de gestion du stress, de résilience, mais aussi la capacité à se projeter avec optimisme, seront essentielles.

Richard Lacroix richard lacroix

Remerciements :

Un grand merci aux professionnels qui m’ont apporté leur expérience et leur point de vue, ainsi que leur temps précieux :

  • Manoël COUPRIE, DG de NOVABIOM
  • Emmanuel DECHIN, Délégué général – Directeur des affaires publiques à la Chambre syndicale de la Répartition Pharmaceutique – CSRP
  • Cédrick GALLOT, DG du Groupe Coopératif GPLM
  • Bertrand LASSERRE, DG de THEPENIER PHARMA & COSMETICS
  • Eric ROUSSEL, Président de DIEP CONSEILS

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